Les forçats de la République

Bonjour, aujourd’hui, je viens vous parler du livre de Charlie Gulec : Les forçats de la République.

Résumé / quatrième de couverture :

Découvrez l’Univers dans lequel évolue Marie, une infirmière comme les autres : généreuse et gaie. Ses patients l’aiment et elle le leur rend bien. On pourrait croire que Marie et ses collègues vivent les pires situations dans l’exercice de leur métier. Il n’en est rien. C’est leur hiérarchie, la direction de l’hôpital, qui leur fait vivre les situations les plus génératrices de stress. 

Mon avis :

Le titre donne le ton : « Les forçats de la République » et pour avoir été hospitalisée plusieurs fois, l’association de la blouse blanche de l’infirmière de la couverture avec les mots du titre, correspondait bien à cette idée de travail de forçat que je m’imaginais en les voyant aller et venir dans les couloirs. Grâce à ce livre, j’ai pu troquer mon point de vue de patient pour celui du soignant et j’ai découvert l’envers du décor : Marie, mais aussi Lise, si bien décrite que j’ai l’impression de l’avoir bien connue moi aussi, ont pour valeur première l’humanité. L’humanité …vous savez, ce petit supplément d’âme qui fait que nous ne sommes pas des machines froides et sans empathie. Le problème que rencontrent ces deux femmes, c’est que cette humanité perd sa qualité de valeur lorsque l’on essaie de faire rentrer leur mission de soignant dans des critères chiffrés, par exemple en mesurant l’hygiène de tout un service à la consommation de gel hydroalcoolique.

Les scènes de vie se succèdent et à chaque fois, on est témoin, non seulement de l’incapacité de leur hiérarchie à les soutenir, mais pire encore, on comprend que le noeud du problème est bien dans la manière dont leur service est géré, et on revient donc à ce mot : humanité. N’est-ce pas ce qui fait de nous des êtres humains ? N’est-ce pas une qualité essentielle quand on est soignant ? La grande naïve que je suis pense comme le faisait Lise (décidément, elle et moi aurions eu des atomes crochus si nous nous étions connues) : le cadre devrait être un soignant ! Evidemment ! Une personne dont la préoccupation première serait de soigner les patients, certes, par le biais de son équipe, mais il me semble logique que ce soit son objectif premier.

J’ai beaucoup parlé de Lise, mais vous découvrirez dans le livre de Charlie Gulec plein d’autres personnages : certains ont ce petit supplément d’âme et d’autres en sont malheureusement dépourvus. A travers la vie de Marie, dévouée et consciencieuse, on comprend la difficulté à se consacrer à sa famille tout en ayant la vocation d’aider les patients. Tout est mis en lumière, et on perçoit d’une manière très forte, les injustices, le manque de reconnaissance, les non-sens, les demandes intenables, et la multitude d’injonctions inutiles dont le seul but est de jouer sur des chiffres.

L’écriture est fluide et la construction du livre appuie la description du fonctionnement de cet hôpital. Les portraits se succèdent, et l’impuissance qui est la nôtre en tant que lecteur, devant les événements qui se jouent dans l’histoire, fait écho à l’impuissance des infirmières devant une administration qui ne veut rien voir. Merci Charlie Gulec pour ce témoignage auquel on ne peut rester insensible.

Le mot de l’auteur :

” Bonjour Christine et merci pour cette chronique intelligente et pointue. Avant d’écrire “Les Forçats de la République” j’ai longtemps pensé que j’étais une bonne lectrice, critique, mais que tout avait déjà été dit, écrit, et fort bien par des gens talentueux. Pourtant, au fil du temps, j’ai constaté que l’on écrivait davantage de choses visant à dévoiler le milieu hospitalier et c’était des médecins ou des ministres qui parlaient de ce monde. Lorsque des infirmières s’exprimaient, c’était pour plaisanter, présenter des situations cocasses. Aucun personnel paramédical ne s’exprimait sur la réalité quotidienne dans ce qu’elle a de cru, de parfois tragique, de noble aussi et parfois de totalement absurde. Avec tout le respect que j’ai pour les médecins et les ministres, je crois que les personnels paramédicaux doivent faire entendre leur voix, il y a des choses à dire que seuls ceux qui vivent les situations peuvent connaître et raconter. Une nuit je me suis réveillée et des phrases tournaient dans ma tête. Cela a duré trois jours avant que je me décide à les écrire. C’était le premier jet des Forçats. C’était illisible. Dur, tranché, coupant. Il m’a fallu trois ans pour le policer et l’incarner dans des êtres plus humains pour porter un message : l’urgence de changer radicalement notre manière de considérer et d’administrer l’hôpital.”

https://www.librinova.com/librairie/charlie-gulec/les-forcats-de-la-republique

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